Tribune libre : Etats Généraux de l’alimentation – et si l’on parlait aussi des enjeux économiques de l’assurance maladie ?

Tribune libre de Fabrice CAHIERC à l’occasion des Etats généraux de l’alimentation.

Hippocrate l’avait proclamé dès le 5ème siècle avant J.-C. : « Que ton alimentation soit ta première médecine ». Une alimentation saine et équilibrée doit, en effet, permettre de satisfaire à elle seule nos besoins corporels en procurant en nombre et en variété suffisamment de nutriments pour fortifier le système immunitaire et réduire le risque de développer un grand nombre de maladies.

Pourtant, force est de constater que de nombreux Français ne parviennent pas à entretenir dans la durée un régime alimentaire adapté à leurs besoins corporels et à leurs attentes. La nouvelle étude INCA 3 récemment publiée par l’ANSES souligne la persistance de comportements à risque : une grande part d’aliments transformés, un peu trop de sel ou pas assez de fibres dans l’assiette des Français. De son côté, l’étude ESTEBAN 2014-2016 dénonce une tendance durable au surpoids et à l’obésité chez les adultes et les enfants. Par ailleurs, les modes de culture intensives engendrent une perte des valeurs nutritives des fruits et légumes que nous consommons, preuve en sont les risques de déficiences en micronutriments des Français, qui ne cessent de croître.

L’essor des maladies chroniques dues à l’obésité incite à proclamer qu’il y a urgence et qu’il faut réfléchir à des actions plus concrètes et plus fortes pour que les Français comprennent l’enjeu d’une alimentation saine et variée.

La filière française des compléments alimentaires souhaite être entendue lors des Etats Généraux de l’alimentation par la voix de sa fédération professionnelle SYNADIET et
contribuer à la réflexion, notamment en lien avec l’Atelier 9 consacré au thème « Faciliter l’adoption par tous d’une alimentation favorable à la santé ».

Nous en sommes convaincus, cet enjeu est crucial et ce à double titre : il faut enrayer d’un côté la progression des maladies préjudiciables au bien-être et à l’espérance de longévité des populations et veiller de l’autre à maintenir notre modèle de protection sociale, égalitaire et généreux, qui pourrait s’effondrer sous le poids des dépenses de soins. Aujourd’hui la France paie cher ses insuffisances en matière de prévention sanitaire. Les dépenses de santé françaises représentent plus d’un dixième du PIB et le déficit de l’assurance maladie devrait frôler les 7,5 milliards d’euros en 2015. Notre système de santé doit changer de paradigme pour tendre vers une logique de prévention des maladies plutôt que de reste essentiellement axé sur le curatif. C’est tout le leitmotiv de notre profession.

Fabrice Cahierc, Président de Synadiet,
avec le concours de l’étude réalisée par l’équipe de Nicolas Bouzou, Economiste, directeurfondateur d’Asterès